Les maux-dèles

 

 

Avec les modèles qui me contactent, j’ai généralement des contacts très cordiaux, même si tous n’aboutissent pas forcément à une séance photo. Lorsque les contacts ne se concrétisent pas par un shooting, c’est souvent parce que les conditions proposées ne conviennent pas, la modèle comme le photographe pouvant avoir des projets différents ou poser d’autres conditions pour accepter un shooting photo. Cela fait donc partie des règles du jeu dans le petit monde de la photo.

Le photographe doit évidemment respecter les modèles, ce qui au passage, doit être à la base de toute relation humaine, et ces règles de savoir-vivre élémentaires s’appliquent donc tout autant aux modèles. S’il est vrai que tous les photographes, qu'on appelle les faux-tographes n’ont pas le même respect dans leurs relations avec leurs modèles, certaines postulantes modèles n’ont pas non plus un comportement irréprochable envers les photographes.

Lorsqu’un modèle me contacte, il arrive aussi que je ne sois pas intéressé par le projet proposé, souvent pour des raisons d’éloignement géographique, mais j’ai toujours la politesse de répondre. Une réponse même négative d’un modèle est aussi toujours agréable, car c’est un signe de courtoisie que j’apprécie beaucoup, mais malheureusement c’est loin d’être la règle et beaucoup de postulantes modèles ne se donnent même pas la peine de répondre, lorsqu’elles reçoivent des réponses aux annonces qu’elles ont publiées. Mais certaines apprenties modèles, qu’on appelle les maux-dèles, atteignent parfois des degrés supplémentaires de cynisme dans leurs relations avec les photographes. Voici un petit « tour d’horizon » des petits soucis que j’ai vécus avec certaines maux-dèles, qui heureusement ne sont pas les plus fréquentes.

 

L’apprentie modèle qui demande une rémunération au nom de sa soit-disant expérience
Lorsqu’un photographe contacte une modèle parce qu’il aime la page Facebook de la modèle, et que celle-ci demande une rémunération, c’est de la responsabilité du photographe d’accepter ou non les conditions de la modèle. Il en va tout autrement lorsque c’est la modèle qui contacte le photographe, même quand elle présente une page Facebook avec quelques photos en déclarant avoir de l’expérience, et à ce titre, mériter une rémunération.

Poser nécessite pouvoir mettre en place non seulement une posture corporelle plus ou moins sophistiquée, mais également donner vie à la pose, interpréter la pose comme une comédienne peut le faire en jouant un rôle. Et rien de tel qu’un travail en studio sur un fond uni pour se rendre compte du travail actif de la modèle pour mettre en scène activement les poses. Dans ce cas, l’absence de décor extérieur permet de juger de la seule qualité de prestation de la modèle. C’est ça avoir de l’expérience.

En tout état de cause, ce n’est pas se planter passivement devant l’objectif d’un photographe très amateur, fût-elle avoir été rémunérée précédemment pour ce genre de prestation bas de gamme. Devenir une modèle expérimentée demande du travail et de l’expérience et cela est relativement indépendant du nombre de shootings réalisés, même si chaque shooting réalisé peut apporter sa pierre dans la construction de la personnalité de la modèle photo. Il ne suffit donc pas d’un beau décor sur la photo, pour transformer une modèle sans beaucoup d’expérience en déesse de la photographie. Et pourtant certaines apprentie modèle estiment devoir être rémunérées parce qu’elles ont fait 3 ou 4 prises de vues en extérieur qui s’apparentent souvent plus à des selfies qu’à des photographies artistiques.

 

L’apprentie modèle star qui veut être rémunérée
Certaines apprenties modèles peuvent avoir des conditions dignes de top modèle. Ces pseudo-modèles se prennent pour des stars sans avoir ni le potentiel ni l'expérience des modèles photo professionnelles. La plupart du temps, elles n'ont rien à montrer, si ce n’est que quelques mauvaises photos d’un shooting de piètre qualité souvent prises devant un miroir avec un téléphone portable. Non seulement ces pseudo-modèles débutantes refusent de payer un shooting chez un photographe, mais elles ont l’outrecuidance de demander une rémunération alors qu’elles n’ont pas ou peu d’expérience dans les shootings photo et qu’elles ne savent pas poser. Certaines apprenties star demandent même parfois à poser uniquement pour un photographe professionnel, sans doute le seul capable d'immortaliser leur insondable beauté. Un modèle sérieux acceptera ou refusera les conditions proposées par le photographe, car il n’a pas de temps à perdre tout comme le photographe également, mais il ne demandera pas une rémunération lorsque les conditions du shooting indiquent une absence rémunération.
Exemple d’une annonce passée par une apprentie modèle star

 

La maux-dèle qui ne respecte pas les conditions qui avaient été discutées
L’apprentie modèle vient accompagnée le jour de la séance photo, alors qu'il n'y avait eu aucun accord pour qu’un accompagnant soit présent le jour du shooting.

 

La maux-dèle qui prend le photographe pour un photomaton
La maux-dèle pour commencer arrive avec une heure de retard. Puis prend le photographe pour un photomaton. Lorsque je la conseille sur les poses à corriger ou à adopter, me réponds que cela ne l’intéresse pas de poser avec les conseils du photographe et très courageusement, dit vouloir faire seulement ses photos à elle.

 

La maux-dèle qui publie sur Facebook sans autorisation contractuelle du photographe
Une fois les photos en sa possession à la fin du shooting, la maux-dèle ne répond plus au photographe qui lui demande de bien vouloir lui renvoyer le contrat lorsque celui-ci n’a pas pu être signé le jour de la séance photo et néanmoins publie les images du shooting sur son compte Facebook sans respecter les droits d’auteur du photographe. Pourtant ce point avait été accepté par la maux-dèle comme une des conditions sine qua none pour l’organisation de la séance photo. Ce genre de comportement dénote une malhonnêteté évidente par le non-respect délibéré des droits du photographe chez qui la maux-dèle est venue prendre quelque chose sans rien vouloir donner en échange. En fait cela s’apparente à du vol d’images. Ce type de comportement fait toujours l’objet signalé à Facebook en vue du retrait des images non autorisées par le photographe.

 

La maux-dèle qui ne remercie pas le photographe pour son travail de retouche
Une fois que les photos retouchées du shooting en sa possession, la maux-dèle non seulement ne remercie pas le photographe pour les heures de retouches passées après le shooting, mais se donne même plus la peine de répondre aux mails du photographe lui demandant si elle a bien reçu le DVD du shooting. La maux-dèle doit penser que faire un book, retoucher des photos, ce n'est pas du travail. Elle ne reconnaît pas la valeur du travail fait par le photographe aussi bien en amont de la séance et au moment des retouches et n’a donc pas la courtoisie pour remercier le photographe pour son travail.

 

La maux-dèle qui n’indique pas le nom du photographe
Une fois les photos retouchées en sa possession, la maux-dèle s’empresse d’en publier certaines sur Facebook ou sur son book sans indiquer le nom du photographe, voire même en effaçant la signature du photographe sur la photo lorsqu’elle a reçu les photos signées. Pourtant cette mention obligatoire pour la publication est acceptée par la maux-dèle lorsqu’elle signe le contrat.

 

La maux-dèle qui annule au dernier moment
Parfois l’apprentie modèle a la délicatesse d’annuler au dernier moment le shooting en prétextant une pseudo-maladie ou un hypothétique problème de garde d’enfant. Ce genre de situation peut effectivement se rencontrer dans la vraie vie, mais dans ce cas, on propose alors de reporter le shooting à une date ultérieure. Comme elle ne propose aucune autre date pour la séance photo, il s’agit bien d’une maladie diplomatique.

 

La maux-dèle qui ne vient pas au shooting
Le niveau au-dessus de l’indécence est atteint quand une postulante modèle prend un rendez-vous pour une séance, confirme la veille de la séance qu’elle sera bien présente, mais n’y vient pas, sans même avoir eu la courtoisie d'annuler le shooting. On a le droit de changer d'avis et ne plus avoir envie de faire une séance photo, mais en informer le photographe reste le minimum de la politesse. On peut avoir un problème particulier ou être malade qui nous oblige à annuler le shooting, mais dans ce cas-là, mais on a aussi le devoir d’avertir (mail, SMS, ou téléphone) de son indisponibilité. Beaucoup de modèles demandent du respect, les photographes aussi…

 

Le maux-dèle qui s’évapore dans la nature
Il y a aussi la modèle qui vous contacte sur Facebook ou par mail en affirmant être hypermotivée pour faire un shooting. Après lui avoir consacré beaucoup de temps par de multiples échanges qui s’étalent sur plusieurs jours, voire lors parfois de plusieurs contacts, ces échanges ne débouchent finalement sur rien et sans même que la modèle n’ait eu la courtoisie de vous répondre par la négative. Sans doute pense-t-elle que le photographe est à leur service et qu’il n’a que ça à faire que de répéter des informations qui figurent déjà dans le document d’informations qu’elle a reçu au début du contact. Ne lui demandez pas pourquoi, elle ne donne plus suite à sa demande, elle ne vous répondra jamais.

 

La bloqueuse Facebook
Une autre variante est la bloqueuse Facebook qui vous contacte spontanément, en vous disant être très intéressée pour faire un shooting avec vous. Après quelques échanges lapidaires de sa part et sans que la modèle se décide d’un contact par téléphone pour organiser la séance, vous bloque sur Facebook, lorsque vous lui répondez courtoisement que désormais tout contact pour organiser le shooting devra être fait par téléphone car elle dispose déjà de toutes les informations de bases. Sans doute pense-t-elle que les photographes doivent donc se plier à aux règles de communication qu’elle définit, en faisant l’impasse sur une courtoisie élémentaire, alors même qu’elle est à l’origine du premier contact. Une vraie apprentie starlettes capricieuse à l’ego surdimensionné en définitive.

 

La maux-dèle qui demande une rémunération pour une prétendue photo de mode
La pseudo-modèle réclame une rémunération pour des portraits pris de plain-pied en prétextant qu’il s’agit de photos de mode. Certes il peut y avoir plusieurs définitions pour le portrait et la photo de mode, mais pour ma part, je fais le distinguo suivant entre photo de mode et portrait : la photo de mode est là pour mettre en valeur les vêtements ou les accessoires, alors que les vêtements dans le portrait servent à mettre en valeur le modèle. Une photo d’une Japonaise en habits traditionnels prise de plain-pied peut-elle être considérée comme une photo de mode ? Pour ma part, je ne pense pas. On ne se pose pas davantage la question de savoir si des photos de paysans ou d’ouvriers avec des habits de travail et pris de plain-pied seront considérées ou non comme étant une photo de mode. Pourtant certains modèles considèrent que les photos de plain-pied avec des vêtements de prêt-à-porter sont des photos de mode, et à ce titre, méritent donc une rémunération… Ces vêtements de prêt à porter n’ayant même pas été acheté pour la séance photo.

 

La maux-dèles qui demande un défraiement pour ses vêtements ou sa coiffure
D’autres pseudo-modèles pensent que les photographes sont à leur service, que les milliers d’euros investis en matériel ne sont rien par rapport aux frais qu’elles auraient pu avoir pour venir au shooting : tenues, frais de coiffure et de maquillage. Pourtant dans mes conditions, je ne demande nullement que les modèles viennent avec des vêtements neufs en passant par la case coiffeur ou maquilleuse professionnelle. Si elles le font, c’est en connaissance de cause et en sachant que le nouveau vêtement ou la nouvelle coiffure ne seront pas au seul bénéfice de la séance photo.

La maux-dèle qui pense que le photographe est une vache à lait
Dans le même genre, il y a l’apprentie modèle qui pense que c’est au photographe de financer les prestations d’une maquilleuse professionnelle. Elle le mérite bien, car on est star ou on n’es pas star, n’est-ce pas !

 

L’apprentie modèle qui insulte le photographe
La maux-dèle propose des conditions inacceptables pour le photographe qui décline alors poliment l’offre. En réponse de son refus, il reçoit alors une réponse fort impolie, avec parfois des injures. Très généralement, cela est dû au refus du photographe de rémunérer l’apprentie modèle.

 

La maux-dèle qui exige de choisir toutes les images que le photographe publiera après le shooting
Le droit photographique est très clair. La loi reconnaît au photographe le droit d'auteur, et à ce titre, c'est à lui seul en théorie de décider de ce qui sera publié ou non, lorsqu'un contrat de publication a été signé avec un modèle. Juridiquement le modèle peut s'opposer à la publication des photos uniquement si elles sont dégradantes et qu'elle porte atteinte à sa dignité. Mais dans les faits, je propose toujours au modèle mes images sélectionnées afin d'obtenir son accord de principe, même si je n'y suis pas tenu de par la loi. Je suis même disposé à en supprimer quelques-unes, si elles ne plaisent pas et lorsque le modèle motive sa demande de suppression et de les remplacer éventuellement par d'autres choisies par le modèle. Le cas qui nous intéresse ici est très différent, car en l'espèce il s'agit d'une forme de censure artistique exigée par le modèle après le shooting. Un jour, j'ai fais une séance photo avec une maux-dèle, qui a exigé de pouvoir sélectionner avant moi les photo qui pourront être publiées, en m'interdisant par conséquent, de publier d'autres photos que j'aurais eu envie de mettre sur mon book. Je devais donc me soumettre aux critères artistiques du modèle et non aux miens, alors qu'en vertu des droits d'auteur, c'est moi seul qui pourrait décider des images à publier, pour autant qu'elles ne soient pas dégradantes. Bien que j' aurais eu la possibilité de publier ce shooting, j'ai décidé de ne pas l'utiliser pour mon book afin de ne pas faire de publicité à cette maux-dèle.

 

La maux-dèle qui refuse la publication des photos
En travaillant en collaboration, la modèle reçoit les photos du shooting et pour ma part, je demande l’autorisation de la modèle pour une éventuelle publications de quelques images du shooting. Tout ceci est clairement mentionné durant les prises de contact avec la modèle et cela est spécifié dans le contrat que j’établis lors de chaque shooting. Une séance photo, c’est prendre beaucoup de temps pour la modèle. D’abord souvent au départ, dans des discussions plus ou moins longues, sur Facebook. C’est aussi prendre de son temps personnel pour parfois se déplacer loin pour rejoindre le lieu du shooting. C’est plusieurs heures durant le shooting proprement dit et enfin c’est souvent plus d’une journée de travail pour retoucher des photos pour la modèle. Alors lorsqu’une modèle a signé le contrat, qu’elle a reçu les photos et qu’elle me contacte ensuite pour me demander de ne pas publier d’images du shooting, parce que les photos ne plaisent pas à son copain, personnellement je la considère comme une maux-dèle.

 

 

Les maux-dèles Législation



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